TECHNEE

View Original

Nos objets seront-ils tous connectés ?

21 Janvier 2023 - Alexandra

Derrière cette interrogation volontairement extrême, nous choisissons de questionner l’intérêt de la connectivité des objets dans notre quotidien, notre vie personnelle et professionnelle.

Les termes IOT (internet of things ou internet des objets en français), objets connectés sont aujourd’hui employés de manière intensive voire parfois excessive. Mais avant de présenter les avantages et les inconvénients de la connectivité commençons par définir le terme. Qu’entend-on par objet connecté ?

Qu’est ce qu’un objet connecté ?

Un objet connecté est un équipement électronique qui est capable de communiquer (transmettre ou recevoir des données) avec un ou plusieurs autres équipements. Cette communication peut s’effectuer via un réseau, généralement internet, mais pas nécessairement. Une communication en point à point est également possible (un équipement communique avec un seul autre équipement non connecté sur un réseau d’équipements).

Ces objets connectés peuvent être utilisés pour de nombreux usages tels que la surveillance de paramètres de santé, la domotique, la gestion de l'énergie, la sécurité, la localisation d’objets, les opérations marketing ou le divertissement (NDLR, liste non exhaustive).

Les objets connectés sont généralement équipés de capteurs, d'actionneurs et des systèmes d'exploitations embarqués pour collecter et transmettre les données. Ces données peuvent être par la suite utilisées pour automatiser des processus, améliorer les performances d’un produit ou offrir des fonctionnalités nouvelles.

Fréquemment associé aux objets connectés, l'Internet des objets (IoT en anglais) est un ensemble de technologies qui permet la connectivité entre les objets physiques et le réseau internet. L’internet des objets permet aux équipements connectés de communiquer entre eux et avec les utilisateurs en utilisant les protocoles de communication employés sur internet pour échanger des données.

Un exemple d’objet connecté : le pansement RFID (vraisemblablement NFC) permettrait de surveiller l’état d’une plaie sans devoir l’ôter

L’intérêt des objets connectés

Les objets connectés présentent un certain nombre d’intérêts. En voici quelques-uns (liste non exhaustive) :

  • Les objets connectés permettent d’automatiser des tâches. En domotique par exemple, ces automatisations peuvent concerner l'allumage et l'extinction des lumières, la régulation de la température d’une pièce ou d’un logement. Dans l’agriculture, il peut s’agir au moyen de capteurs d’humidité connectés de déclencher des arrosages ciblés au moment les plus opportuns pour limiter l’évaporation. En matière de santé, les objets connectés peuvent donner à distance au praticien des mesures fréquentes des paramètres de santé du patient (tension artérielle, fréquence cardiaque ou mesure de la qualité du sommeil).

  • Les objets connectés peuvent améliorer la qualité de vie des individus. Cette amélioration du quotidien est réalisée par exemple en réduisant les déplacements des malades pour effectuer des soins (par la mesure à distance de paramètres de santé), en réglant au mieux la température ou l’aération d’un logement (par la domotique) ou encore en contribuant à retrouver plus facilement des objets perdus.

  • Les objets connectés permettent de mettre en relation des objets et/ou des individus en collectant des données. Cette mise en relation en temps réel est utile dans la recherche de personnes ou d’objets perdus (voir article sur l’étiquette de bagage connectée). Les données collectées permettent de surveiller le comportement ou la santé d’un équipement et de déclencher si nécessaire des opérations de maintenance préventive ou un ravitaillement s’il s’agit d’un moyen de transport par exemple.

  • Proposer des nouveaux services ou des fonctions nouvelles. Ainsi, connecter les équipements d’un véhicule à un système de supervision à distance permet de proposer au conducteur des conseils de conduite (e.g. écoconduite) ou de l’inviter à faire le plein au moment le plus opportun selon les offres tarifaires aux alentours et la quantité de carburant disponible.

  • Les objets connectés permettent de développer une activité commerciale. Connecter une table ou un comptoir à un compte de réseau social permet d’augmenter la fréquentation d’un établissement en générant des avis et des recommandations en ligne (développement de la e-réputation chère aux professionnels du marketing).

  • Réaliser des économies. Ne pas gaspiller ses objets ou les perdant moins souvent, réaliser des pleins de carburants au bon moment, ajuster sa conduite ou réparer son véhicule lorsqu’une fragilité est détectée sont autant de services offerts par les objets connectés pour réaliser des économies.

L’étiquette connectée permet de mettre en relation le propriétaire d’un objet égaré avec la personne l’ayant retrouvé

Un sac à dos équipé d’une étiquette connectée

Quelles sont les limites liées à la connectivité des objets ?

On site souvent l’échec de la start-up Juicero comme l’incarnation des excès des objets connectés. Si le presse fruits et légumes était en effet connecté en wifi, nous n’avons jamais trop su quelle valeur apportait la connectivité au client.

La machine était ostentatoire et très onéreuse pour une fonction limitée. La réponse à la question : “les objets doivent-ils tous être connectés ? “ réside dans les deux sous-questions suivantes :

  • La valeur offerte par la connectivité existe-t-elle ?

  • Cette valeur est-elle supérieure aux inconvénients apportés par la connectivité ?

La start-up Juicero et son presse fruits et légumes connectés

En effet la connectivité présentent certains inconvénients dont les plus importants selon nous sont les suivants :

  • La dépendance à l’égard de la technologie (et le développement potentiel d’une certaine paresse intellectuelle). Qui aujourd’hui sait lire une carte routière ou qui planifie soigneusement ses rendez vous personnels ou professionnels ? La connectivité des smartphones a rendu obsolète les cartes routières et nous dispense désormais de fournir de nombreuses précisions lors de nos rendez-vous. Se repérer dans une ville sans son smartphone est devenu une compétence rare.

  • La vulnérabilité aux cyber-attaques. Si nos équipements (e.g. caméras, prises électriques) sont tous connectés, que se passera-t-il lorsque des individus malicieux auront décider d’accéder à notre réseau ? La prolifération des rançonnages privés est-elle une menace apportée par la connectivité ?

  • La surveillance individuelle et le respect de la vie privée. Nos données personnelles nous définissent parfois même davantage que l’opinion que nous pouvons avoir de nous-même. En effet, la propension à ne pas reconnaitre ses propres travers est fréquente chez l’Homme (au sens genre humain). Que se passerait-il si des entreprises, groupuscules ou des états disposaient de l’ensemble de nos données personnelles pour en faire un usage malveillant (à visée manipulatoire par exemple) ? De là, naissent des initiatives respectant la vie privée, comme celle de la start-up Olvid dont l’application est utilisée par les membres du RAID.

  • La consommation d’énergie des objets connectés. Tous ne sont pas logés à la même enseigne. En effet, la puce NFC utilisée dans les étiquettes bagages connectées est passive et ne nécessite pas de batterie ou de pile. Elle profite de l’énergie du smartphone qui l’interroge.

Quel avenir pour les objets connectés ?

La valeur des services apportés aux consommateurs sera déterminante dans l’essor des objets connectés. Toutefois les préoccupations environnementales, économiques voire éducatives pourront modérer la multiplication des équipements connectés. Risquons-nous à un petit exercice de prospective (cela n’engage que TECHNEE) pour tenter de deviner quels seront les grandes évolutions autour des objets connectés :

  • Nous pensons que de la même façon que les initiatives low tech sont adaptées à des environnements rustiques ou exposés aux aléas climatiques ou énergétiques (e.g. délestage électrique, coupure de courant), des équipements standards non connectés pourront être recommandés dans des contextes hostiles ou spécifiques (e.g. zones de conflits, zone en tension énergétique).

  • Certains parents pourront inciter leurs enfants à renoncer pendant une certaine période à l’usage de leurs produits connectés pour les préserver d’une dépendance ne permettant pas le développement des connaissances et d’un esprit critique.

  • Certains équipements connectés devront être labellisés ou munis d’une note selon leur niveau de vulnérabilité et de respect de la vie privée.

  • Un système de bonus/malus pourra sanctionner l’intérêt énergétique d’un objet connecté. Ainsi une chauffe-eau ou une climatisation connectée pourra bénéficier d’un bonus si le surcroit de consommation énergétique lié à la connectivité est compensée par les économies d’énergies rendues possibles par l’équipement.